En avril 2022, le twitter cinéphile américain s'enflamme pour un film dont on n'entend presque pas parler en France: Everything, everywhere, all at once. Les tweets sont dithyrambiques, c'est LE film de l'année. En France, on doit attendre la fin du mois d'août pour le voir arriver sur le grand écran.
Alors qui se retrouve derrière ce film? Les Daniels, Daniel Kwan et Daniel Scheinert. Qui sont les Daniels? Un duo d'auteurs et réalisateurs qui ont commencé leur carrière en faisant des clips musicaux (vous vous souvenez de Turn down for what qui a hanté tout le monde en 2013? c'est eux), puis ont signé le film Swiss Army Man en 2016. Ce sont donc des déjà des pros de l'absurde.
Niveau production, on retrouve les frères Russo, réalisateurs de nombreux Marvel (surtout ceux contenant Captain America).
Tout ce petit monde s'est donc penché sur.. le concept du multiverse. Si c'est un sujet qui nous est de plus en plus familier aujourd'hui, quand les deux auteurs se penchent sur le sujet en 2010, cela reste un thème plutôt réservé aux comics et aux scientifiques obscurs. Lorsque le film Spiderman: into the multivers sort en 2018, le projet des Daniels chancèle: le sujet du multivers sur lequel ils travaillent depuis huit ans a déjà été exploité. Qu'à cela ne tienne, ce n'est pas Rick et Morty et Spiderman qui va les arrêter. En août 2018, Michelle Yeoh et Awkwafina sont annoncées comme les actrices principales du projet et le tournage commence en janvier 2020. Awkwafina quitte le film pour tourner... un Shang-Chi, un Marvel (décidément).
Mais le multivers n'est pas le seul sujet autour duquel tourne le film: c'est aussi un film sur une famille sino-américaine et sur la pression familiale.
Et tout ce mélange a l'air de bien marcher. La Hollywood Critics Association décerne au film 7 prix. Mais ce film, il raconte quoi?
Le résumé (presque sans spoil)
Evelyn ne va pas très bien. Les impôts lui réclament des justificatifs, son mari, Waymond, veut divorcer, son père est arrivé de Chine pour vivre chez elle et sa fille, Joy, est lesbienne. Grosse journée en perspective.
C'est au cours d'un rendez-vous avec la redoutable Mme Deirdre des impôts qu'elle va faire la connaissance de Alpha Waymond, l'alter ego de son mari provenant d'un autre univers. Il lui annonce qu'elle seule peut sauver les univers et que la terrible Jobu Tupaki est en passe de tout détruire. Vraiment rude cette journée.
Evelyn va donc se retrouver à devoir sauver non pas un univers mais des milliers d'univers, se retrouvant face à ses échecs et aux vies qu'elle aurait pu vivre.
Pourquoi c'est bien?
C'est complètement absurde. C'est même un plaisir d'absurdité. Comme Evelyn, on ne comprend pas tout tout de suite. Mais cette couche d'absurdité cache des morales, des messages qui sont plus qu'intéressants et nécessaires notamment existentialistes et nihilistes (que je ne spoilerai pas, car c'est au spectateur de les découvrir). Outre tout cela, c'est un film très drôle malgré des sujets qui ne le sont pas forcément. On passe par pas mal d'émotions (j'ai entendu la salle renifler en coeur durant une scène émouvante) et c'est exactement ce qu'on demande à un film.
Et niveau réal? C'est beau. Si certains effets sont surutilisés, certains plans contiennent des idées originales poussées et bien trouvées. La musique est top et la chorégraphie des bastons est aux petits oignons. D'ailleurs, les Daniels avaient d'abord envisagé Jackie Chan comme acteur principal avant de modifier leur script pour créer Evelyn.
Et je ne m'attendais pas au concept du buttplug de Tchekhov.
Il y a bien un truc qui cloche?
Justement, c'est absurde. C'est un film à voir, il est important, mais je pense que l'absurde ne touche pas tout le monde, encore moins le public français.
Et encore une fois, 2h19, est ce que c'est pas un peu long comme durée pour un film?
Mais est ce que je le recommande?
On m'avait promis le film de l'année. Je n'irai peut être pas jusque là, mais c'est un très bon film, qu'il ne faut pas hésiter à aller voir, seul, à deux ou avec une bande de potes qui a envie de rigoler.
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